Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

desserré les dents, et je tremble si fort en versant du thé pour l’impudente vieille chouette, que Marcel exulte. Ses yeux étincellent de moquerie. Il me chuchote :

— Claudine, qu’est-ce qu’on va faire de vous, si vous vous jetez comme ça à la tête des gens ; Voyons, voyons, contenez un peu cette expansivité désordonnée !

— Zut ! lui dis-je tout bas, avec rage. Je ne peux pas souffrir qu’on m’arrœille comme ça !

Et je vais offrir ma tasse de thé, suivie de Marcel, autrement câlin et fille que moi, qui porte les sandwiches.

Trrrrrrr… encore une dame. Mais charmante, celle-là, avec des yeux jusqu’aux tempes et des cheveux jusqu’aux yeux.

Mme Van Langendonck, m’informe Marcel tout bas, celle qui est Cypriote…

— Comme son nom l’indique, parfaitement.

— Est-ce qu’elle vous dit quelque chose, celle-là, Claudine ?

— Tiens, je crois bien. Elle a l’air d’une antilope qui fait la fête.

La jolie créature, souple dans son « Hygie » à la mode ! Des cheveux qui volent, un