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PROMENADE EN HOLLANDE.

retour de nos rêves oubliés, je répondis par ce mot de doute :

« Il faut voir !

— Eh bien ! dirent-ils, allons sur l’heure voir le beau navire que nos mères ont fait fréter. »

Nous sortîmes marchant d’un pas rapide, comme trois écoliers émancipés. Ils n’osèrent regarder du côté de la maison de l’excellent Van Hopper : ils tremblaient d’apercevoir Rosée et Marguerite. Leur cœur n’était pas bien sûr de ce qu’il voulait. À vingt ans, le cœur de l’homme est encore enfant ; sa mobilité est cruelle sans s’en douter. Nous arrivâmes sur les bords d’un large canal où s’étalait orgueilleusement le grand vaisseau des veuves, qui, dans huit jours, devait partir pour les Grandes-Indes. C’était un superbe navire marchand, ressemblant à un vaisseau de guerre. Sa cargaison était faite ; l’équipage au complet était sur le pont, prêt à la manœuvre. Le capitaine, jeune, gai, aventureux, avait déjà fait plusieurs fois le voyage qu’il allait recommencer ; il nous conta des merveilles sur ces terres qui l’attiraient toujours. Nous descendîmes dans les cabines : elles étaient spacieuses et élégantes ; le capitaine avait presque un appartement complet, un salon, une chambre à coucher et un boudoir. Si M. Georges et M. Guillaume, les deux jeunes maîtres du navire, avaient voulu faire la traversée, cet appartement eût été pour eux ; on