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PROMENADE EN HOLLANDE.

n’étaient-ils pas riches tous deux ? Avant un an ils fréteraient un grand navire et m’emmèneraient avec eux vers le pays de nos âmes.

À leur retour sous le toit maternel, ces rêves furenț subitement interrompus par la fascinante apparițion des deux jolies filles de Rotterdam. Le canal qui sépare les deux maisons se remplit alors de l’attraction qu’avait eue pour Georges et pour Guillaume l’immense Océan ; les chaudes brises des Indes soufflaient désormais dans les arbres du Nord qui bordent ces eaux tranquilles ; le soleil, la beauté, l’enivrement étaient là derrière ces stores tour à tour levés et baissés par les blanches mains de Rosée et de Marguerite. Moi-même, en voyant leur félicité, j’oubliais nos projets de voyage et je désirais pour moi un bonheur semblable à leur calme bonheur.

Mais, à mesure que leurs mères avaient parlé, je surpris dans leurs regards et je sentis en moi comme un tressaillement et un réveil des rêves endormis. Georges et Guillaume s’étaient soulevés sur leur lit ; ils avaient secoué leurs belles têtes, et ils avaient dit comme à l’unisson :

« Eh quoi ! ma mère, nous aurions pu partir tous les trois et parcourir le monde ?

— Mais sans doute, avaient répondu les deux veuves ; n’êtes-vous pas libres ? libres de votre fortune et de vos actions ; et pensez-vous que nous