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PROMENADE EN HOLLANDE.

voir parler à toute heure de leur amour et des perfections idéales de leurs fiancées.

Ce furent alors des exclamations de tendresse et des épanchements de craintes maternelles. Quel chagrin et quel souci abattaient à ce point leurs chers enfants ?

« Nous en voulez-vous, s’écriaient les deux veuves, de nous être abstenues de toute donation dans le contrat ? Nous avons dû vous paraître bien avares et bien méchantes, tandis que nous n’étions qu’exclusives. À vous, mais à vous seuls dès aujourd’hui toute notre fortune. Mais pourquoi si vite nous déshériter de votre tendresse et enchaîner votre liberté ?

J’étais arrivé auprès de mes deux amis pendant que les deux veuves parlaient de la sorte, et j’admirai par quel génie d’intuition leur amour jaloux pour leurs fils et leur haine envieuse envers leurs jeunes brus leur avait fait deviner le point saisissable de l’imagination de Georges et de Guillaume ; elles continuèrent :

« La liberté, c’est la grandeur de l’homme, son ivresse, son bonheur ; pourquoi vous interdisez-vous comme des femmes les horizons qui vous étaient ouverts ? Non, certes, nous ne sommes point des mères égoïstes et jalouses comme on voudrait vous le faire croire ! Cet or, auquel vous pensez que nous tenons, nous l’avions amassé en prévision de