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PROMENADE EN HOLLANDE.

vous les figurer dans le salon de l’heureux Van Hopper ; leurs costumes étaient les mêmes dans tous les détails que le pinceau a fixés sur ces toiles. Un murmure d’admiration accueillit ces deux couples si beaux quand ils apparurent à l’éclat des lumières.

Les deux mères veuves se firent attendre. Elles arrivèrent enfin dans une toilette austère et surannée qui surprit toute l’assemblée : elles portaient une espèce de douillette en soie marron sur laquelle se drapait un long mantelet noir en dentelle ; leurs cheveux grisonnants, coupés ras, disparaissaient sous les plaques d’or des Frisonnes, que l’on voit encore sous le chapeau français à quelques matrones d’Amsterdam. Les deux mères avaient mis sur cette coiffure rigide un bonnet orné de plumes blanches. On les regarda avec étonnement ; on se demandait si elles avaient voulu jeter un défi à l’élégance parisienne de toutes les femmes qui étaient là réunies.

Mais bientôt on les oublia pour ne plus contempler que les beaux fiancés. Les anneaux avaient été échangés, on lisait les contrats, qu’ils écoutaient distraits pour se parler à voix basse et s’entre-regarder. Les deux veuves avaient laissé une clause en blanc dans ces contrats, sur ce qu’elles donneraient à leurs fils, déjà très-riches de l’héritage de leur père : mais la fortune de leur mère était au moins équivalente.