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PROMENADE EN HOLLANDE.

sait-elle, lui laisseraient la liberté de son cœur pour n’aimer qu’elle, la mère jalouse. Le mal revint et lui tua son fils.

Les deux veuves se demandèrent entre elles ce qu’elles pourraient faire pour enchaîner leurs enfants rebelles à leur giron ; toutes leurs représentations et toutes leurs tendresses avaient échoué contre la fougue de ces jeunesses passionnées. J’avais été mandé de Leyde, où j’achevais quelques études de zoologie, pour assister aux délibérations maternelles, et pour être en définitive de la fête des fiançailles. Je me rangeai sans balancer du parti des fils ; jeune comme eux, comment n’aurais-je pas applaudi à leur entraînement ? Mon seul regret caché était qu’il n’y eût pas une troisième jolie fille de Rotterdam qui me fît faire la même douce folie qu’allaient commettre mes amis.

Les deux mères, se trouvant sans auxiliaires, semblèrent prendre leur parti et consentir au bonheur de leurs fils ; elles avaient bien pour Marguerite et Rosée des allures aiguës que les étrangers remarquaient, mais que leur joie naïve et absorbante empêchait les quatre amoureux d’apercevoir. Enfin le jour des fiançailles et de la signature des contrats arriva, et tout ce qui comptait dans Rotterdam fut convié à cette fête.

Telles que vous les voyez, elles et eux, dans ces portraits faits par un grand peintre, vous pouvez