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PROMENADE EN HOLLANDE.

nuptiale ; ajouta-t-elle en rougissant un peu, ou peut-être ma chambre mortuaire, s’il tarde trop.

— Venez donc ! venez donc ! » me criait la voix sonore de Marguerite.

J’entrai dans l’autre chambre ; tendue d’un beau damas pourpre et sur lequel un lit de Boule se détachait éclatant. Deux armoires vitrées remplies de livres de voyages, d’historiens et de philosophes, couvraient le fond de la chambre ; des sphères, des instruments d’optique et de physique, des cahiers à dessiner étaient distribués sur les tables et les étagères ; je ne vis qu’une seule pipe orientale et quelques boîtes de laque pleines de fins cigares.

« Il est passionné pour l’étude, me dit Marguerite, il n’a voyagé que pour la science : je veux qu’il trouve ici, au retour, de quoi le fixer à jamais. Je suis sûre que nous aurons encore de longs et d’heureux jours, et j’ai mis mon orgueil à ce qu’il me retrouvât vivante et forte. »

Elles m’avaient parlé toutes deux comme certaines que le docteur m’avait conté leur histoire ; mais ce qu’elles me disaient était encore pour moi une énigme.

Nous continuâmes à monter l’escalier. Elles ne me montrèrent point les chambres des domestiques ni celles où le linge s’entasse dans des armoires de noyer contenant des chemises, des draps, des nappes et des serviettes de quoi suffire à plusieurs gé-