Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
PROMENADE EN HOLLANDE.

de cette beauté déjà mûre qui fait songer au déclin : l’une, celle qui portait la robe bleue, la plus petite, aux cheveux d’un blond d’ambre, avait grossi et conservait de la fraîcheur, mais aux dépens de la distinction ; les traits se fondaient un peu trop dans l’ampleur des joues et du double menton.

L’autre, la blonde cendrée, habillée de blanc, était d’une maigreur maladive ; sa taille fine n’avait rien perdu de son élégance, mais ses mains amaigries étaient sillonnées de veines bleues dont les fins rameaux se détachaient sur la blancheur mate de la peau ; les mêmes veines entouraient les yeux et marquaient les tempes, sur lesquelles les cheveux appauvris descendaient encore en boucles soyeuses. Le nez était si mince qu’il en paraissait contracté, et les yeux si grands et si profonds que le regard y restait enfoui. Elle était plus étrange que belle ; elle se pencha comme un roseau au bras du docteur, et lui murmura à l’oreille :

« Eh quoi ! encore un jour d’attente trompée ! Oh ! c’est trop long ! Ils ne me retrouveront pas vivante ! »

L’autre dit d’un air aimable et gaiement :

« Vous êtes charitable, cher docteur, et, pour nous distraire de notre solitude, vous allez, ainsi que madame, rester à dîner avec nous. »

Nous étions sous le vestibule en marbre blanc,