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PROMENADE EN HOLLANDE.

l’habit dans le monastère de Stein. On vit ainsi le fils d’Héloïse et d’Abeilard, qui se nommait Astrolabe, religieux dans un couvent de la Suisse.

Érasme, devenu célèbre par son esprit et son érudition, trouva moyen de rejeter à moitié le froc. Recherché par plusieurs papes, aimé par les souverains, qui alors protégeaient les arts en Europe, la science occupa sa vie plus que le sacerdoce. Cette vie est connue, nous n’en dirons rien ; pas plus que de ses ouvrages, dont le plus renommé est l’Éloge de la folie, satire piquante de toutes les professions, depuis celle de simple moine jusqu’à celle de souverain pontife. Les allusions les plus fines et les plus profondes sur les personnages du temps y abondent.

Léon X, que ce livre avait fort amusé, disait en riant : « Notre Érasme a aussi un coin de folie ! » Ce livre était dédié à Thomas Morus, grand chancelier d’Angleterre, qui le prôna et le répandit parmi tous les grands esprits d’alors. Holbein fit des dessins pour une magnifique édition du Traité de la folie, qui est devenu un des trésors des bibliophiles. Holbein était l’ami d’Érasme, et se plut à peindre bien des fois son portrait. C’est surtout en Angleterre qu’il se répandit ; il y en a plusieurs dans les galeries d’Hamptoncourt ; ils ont ce fini et cette vérité rigoureuse qu’Holbein donnait à ses œuvres. À Rotterdam, je n’ai vu de portrait d’Érasme par Holbein