Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/51

Cette page a été validée par deux contributeurs.
41
PROMENADE EN HOLLANDE.

bout, vêtu d’une robe doctorale ; ses traits sont fins, sardoniques, et expriment la nature de son esprit. Je voulus voir la chétive maison où est né ce grand homme. Elle est située dans la rue de l’Église, près de la cathédrale ; on a mis sur la façade le portrait d’Érasme avec cette inscription :

Hæc est parva domus magnus qua natus Erasmus.

Érasme naquit à Rotterdam, mais il n’y vécut pas. Cette pauvre maison est celle où sa mère se cacha pour le mettre au monde. La destinée de ses parents rappelle sur plus d’un point celle d’Héloïse et d’Abeilard. Son père se nommait Gérard ; il aima, d’un de ces amours qui décident de toute la vie, la fille d’un médecin, nommée Marguerite : elle devint mère. Les deux familles ne s’entendirent point. Le père d’Érasme, persécuté par les siens, quitta la Hollande et se réfugia à Rome. On lui donna la fausse nouvelle que sa bien-aimée Marguerite était morte ; dans son désespoir il se fit prêtre. Mais bientôt il revint dans son pays ; il retrouva Marguerite vivante, et, ne pouvant l’épouser, il se consacra à élever son fils.

La peste frappa sa mère lorsque Érasme n’avait encore que quatorze ans. Son père ne survécut pas à sa douleur. Les tuteurs d’Érasme, ses parents, dissipèrent son bien et le contraignirent à prendre