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PROMENADE EN HOLLANDE.

Il m’offrit son bras et nous passâmes dans une élégante salle à manger à panneaux de chêne, au milieu desquels étaient incrustés des bas-reliefs et des médaillons de marbre blanc ; c’était bizarre et charmant. La Hollande a toute sorte de ces fantaisies d’ornementation. Nous l’avons dit, l’architecture des maisons, comme leur décoration intérieure, ne suit aucune règle ; c’est le caprice du possesseur qui en décide, et, s’il a du goût et de l’imagination, il s’en tire mieux qu’un maçon et qu’un tapissier vulgaires. Le marbre (toujours importé) est un des objets de luxe les plus recherchés. La salle à manger était dallée en marbre blanc sur lequel s’étendaient des nattes japonaises ; la table, les chaises et les buffets étaient en bois de chêne. Le déjeuner à l’anglaise me parut parfait ; la blancheur marmoréenne de la nappe, la propreté reluisante de l’argenterie, des cristaux et des porcelaines, doublaient la saveur des mets. Le docteur me servait avec des attentions toutes paternelles.

« Oh ! lui dis-je, ces côtelettes et ces œufs frais pondus par vos belles poules d’Asie me sembleraient bien plus exquis si vous me parliez des portraits : les modèles existent-ils ? habitent-ils cette ville ? sont-ils toujours beaux et intelligents ? car l’intelligence éclate sur leurs traits.

— Patience ! et vous verrez par vous même, répondit en riant le docteur.