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PROMENADE EN HOLLANDE.

Tandis que je regardais autour de moi, le docteur parut et me tendit cordialement ses deux mains. C’était un homme grand, robuste, qui pouvait avoir quarante-cinq ans ; sa tête très-brune, méditative et un peu narquoise, était fort belle et faisait penser au croisement de la race juive et de la race hollandaise. Il parlait le plus pur français. J’avais à peine échangé quelques mots avec lui, que je fus prise d’un de ces accès de toux frénétique qui enlèvent la parole et la respiration. C’était le résultat de la fatigue du voyage et de l’irritante insomnie de la nuit. Le docteur me fit entrer dans son cabinet, il ouvrit une jolie cassette en bois de santal indien, prit dans une des cases quatre petites boules argentées et me les fit avaler dans une cuillerée d’eau : instantanément ma toux s’arrêta. J’expliquai au docteur les tribulations de mon coucher d’auberge.

« Voulez-vous m’obéir, me dit-il avec bonté, comme si je vous soignais depuis longtemps ? Restez là en silence plongée dans ce grand fauteuil : avant deux heures, vous serez complétement remise, et nous visiterons les curiosités de la ville. »

Sans attendre ma réponse, et jugeant sans doute que ma figure prenait déjà l’attitude placide du repos, il sortit par une porte latérale sur laquelle tombait un rideau.

Le sommeil ne fermait pas mes yeux, mais il com-