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PROMENADE EN HOLLANDE.

belle dans sa jeunesse ; on le devine aux lignes de ses traits ; mais le travail, le chagrin et l’âge l’ont ridée, sans toutefois courber sa taille empreinte d’une sorte de majesté. Sans doute elle a suivi quelque chemin de traverse, qui pour elle a abrégé la distance et égalé la vitesse de la vapeur, car je la retrouve à une station, demandant à boire un peu d’eau à une servante. Celle-ci la satisfait en lui présentant un de ces grands verres à anse dont se servent les paysans du Nord. La vieille le vide d’un trait, puis, essuyant avec son mouchoir la sueur de son front, elle se remet en route en tenant toujours à la main ses souliers neufs.

À peu de distance d’Utrecht, le paysage ordinaire de la Hollande change tout à coup : les prairies cessent ; les terres deviennent sablonneuses et se couvrent de petits sapins et de monticules tapissés de bruyères roses. Ce sont çà et là quelques tertres, quelques collines, et à l’horizon des lignes qui annoncent des montagnes. La campagne étale partout ses villages et ses cultures, mais moins riches qu’en Hollande. Nous sommes entrés dans les provinces rhénanes. Enfin Cologne se montre à l’horizon avec les tours de ses remparts et sa cathédrale qui détache nettement ses dentelures sur l’azur du ciel.

La vélocité de la vapeur dévore la distance ; nous voilà dans les faubourgs de la ville. Nous sommes arrivés. Je traverse en voiture un long pont jeté sur