Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
PROMENADE EN HOLLANDE.

trême chez les frères Moraves ; j’étais touchée de la sérénité et de la grâce de cette société heureuse.

On n’y connaît point l’ennui. Les frères Moraves ont des promenades, des lieux de délassement et une bibliothèque ; malgré leurs règlements, où l’égalité domine, ceux d’entre eux qui sont riches peuvent avoir des chevaux, des domestiques, un luxe intérieur ; mais il faut qu’au dehors rien n’insulte à la vie simple des associés.

Je m’éloignais avec tristesse de Zeyest ; je saluai avec respect et envie cette petite république tranquille. Il me semblait que j’aurais pu vivre si facilement là et m’y recueillir jusqu’à la mort.

Je revins à Utrecht tout abattue. Encore un jour, et mon excursion en Hollande sera terminée. Elle s’était écoulée pour moi dans une série de ces jours heureux que les anciens marquaient d’un signe ; il eût été bien fou ou bien aveugle d’espérer que les jours qui suivraient seraient semblables.

Le lendemain, je pars d’Utrecht pour Cologne, à huit heures du matin. De l’embarcadère m’apparaît encore le Maliebaan ; une vapeur blanche monte des bords du Rhin. Les arbres, les gazons et les fleurs se détachent dans une lumière nacrée ; c’est un de ces effets suaves de matinée d’automne que je n’oublierai jamais.

On me fait asseoir dans un compartiment de wagon princier, tendu de velours bleu de ciel et à ri-