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PROMENADE EN HOLLANDE.

et devait rompre, et nous étions au fond des eaux !… Au milieu de notre angoisse, mon fils, âgé de six ans, tête intelligente couverte de boucles blondes à travers lesquelles se jouaient le vent et la pluie, secoua sa chevelure, s’étendit, en pleurant un peu, sur une planche, et nous dit d’un air résigné : « Je vois bien que nous allons être noyés. Adieu, petit père, adieu, petite mère ! » Et il ferma les yeux comme pour dormir. Cependant nous abordâmes au port de Marken. La pluie avait cessé ; les habitants accoururent pour nous voir. Le beau sang des habitants du Nord, le visage doux, blanc et rose des femmes, coiffées avec un mouchoir écossais en travers sur leurs têtes, formant bavolet par derrière, leurs belles tailles sans entraves, charmèrent nos regards. Le costume des hommes, excepté les pantalons larges et plissés comme ceux de nos Bretons, n’offrait rien de remarquable ; leur maintien, leur port élevé, leurs beaux nez aquilins, attestaient leur origine. Ils nous firent voir leur île paisible que les tempêtes de la mer semblaient respecter, et que celles du monde n’atteignaient point. L’ordre, la propreté régnaient partout. Une maison plus vaste et mieux peinte que les autres attira notre attention. On nous dit que c’était l’école ; nous y entrâmes et fûmes émerveillés d’être reçus avec une politesse exquise par un homme d’excellentes manières, qui parlait très-bien le français et