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PROMENADE EN HOLLANDE.

joue dans les flots clairs de l’Y. Nous nous embarquons sur un bateau à vapeur qui part pour Sardam, et qui fait en une heure et demie la traversée. L’Y est calme ; aucune vague ne l’agite et ne s’y engouffre. Nous débarquons à Sardam par un ciel bleu où courent çà et là quelques nuages blancs.

Sardam est un petit port habité par des charpentiers et des pêcheurs, et qui surpasse encore en propreté, si c’est possible, toutes les autres villes de la Hollande. Ses maisons et ses moulins à vent sont bariolés des couleurs les plus vives. L’eau court dans toutes les rues ; aussi chaque habitation a-t-elle son pont particulier.

Nous nous fîmes conduire dans la cabane où Pierre le Grand, sous le nom de Mikaïlow, travailla sept ans comme simple charpentier, et devint constructeur de navires, tout en étudiant le commerce et la civilisation dont son génie pressentait les merveilles. On entre avec une sorte de respect dans la petite chambre à alcôve de bois qu’habita si longtemps le souverain du plus grand empire de l’Europe. Quand l’empereur Alexandre Ier visita cette humble maison où son aïeul avait vécu et travaillé, il fit graver sur une tablette de marbre cette inscription :

Rien n’est trop petit pour un grand homme.

Au fond de la mer transparente, sur le rivage de