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PROMENADE EN HOLLANDE.

choient de venir jusques à la porte, chose illicite en faict de guerre, dont estantz advertiz par ceux du guet qu’ilz se vouldroient retirer d’illecq, veu qu’ilz ne pouvoient comporter ny permettre telle chose, respondoient ne pouvoir bouger de là jusques à tant que le ducq seroit venu ; si que le pont estant trop foible ny pouvoit remedier et print la pacience jusques à la venue du ducq, lequel passa la première et deuxième porte, estant ung pont tombant, et venant à la troisième, se trouve vers la ville, et enfantant illect la meschanceté qu’il avoit au cœur, dict à ses gens : Or sus, mes enfans, prenez courage, la ville est pour vous, à jamais serez riches. Sur quoy incontinent crioyent ses gens : Arme ! arme ! tue ! tue ! et selon que aucuns veuillent dire : Vive le ducq ! vive la messe ! et semblables voix ; et tuèrent aucuns du guet, et saisirent la porte de Ripdorp, et se mirent sur les murailles et remparts de la ville crians : Ville gaignée ! ville gaignée ! et appelans les autres forces qui estoient hors de la porte et jà mis en bataille pour recepvoir le duc d’Anjou, affin que marchassent en toute diligence vers la ville ; comme firent aussy avecq une telle furie que, devant que les bourgeois se mectoient en armes et que l’on sonnoit la cloche d’alarme, furent dedans la ville plus de six cens chevaulx et trois mille piétons ; dont aucuns ruèrent par la Ripdorpstrate, les autres par la longue nou-