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PROMENADE EN HOLLANDE.

ture surprise par le génie et dont aucune étude ne donne le secret.

On assure que Rembrandt n’avait pas le travail facile ; il a refait jusqu’à quatre et cinq fois la tête de plusieurs de ses portraits. « La façon de faire de Rembrandt, dit notre grand peintre Decamps, est une espèce de magie. Personne n’a mieux connu que lui les effets et les rapports des couleurs entre elles, n’a mieux distingué celles qui sont amies d’avec celles qui ne se conviennent pas. Il mettait chaque ton à sa place avec tant de justesse et d’harmonie, qu’il n’était pas obligé de les mêler et d’en perdre la fraîcheur. Il préférait les glacer de quelques tons qu’il glissait artistement par-dessus pour lier les passages de lumières et d’ombres et pour adoucir les couleurs crues ou trop brillantes. Tout est chaud dans ses ouvrages. Il a su, par une entente admirable du clair-obscur, produire des effets éclatants dans tous ses tableaux.

« Ses portraits étaient d’une ressemblance frappante ; il excellait à saisir le caractère d’une physionomie. La nature n’y était point embellie, mais si simplement et si fidèlement imitée, qu’il semblait que ces têtes s’animassent et sortissent de la toile. Il chargeait les lumières d’épaisseurs si considérables, qu’il semblait avoir voulu plutôt modeler que peindre. On cite de lui une tête où le nez était presque aussi saillant que le modèle. »