Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
PROMENADE EN HOLLANDE.

par des Italiens, excellentes gens, mais qui ont conservé l’incurie des mœurs méridionales. On me donne une chambre dont les immenses fenêtres vitrées, sans contrevents et sans persiennes, s’ouvrent sur une ruelle aux maisons en briques rouges. Le soleil levant frappe sur mes fenêtres et y répercute le ton sanguin des murs ; des stores en percale blanche, au lieu de l’atténuer, semblent rendre plus intense et plus brillante la lumière du jour naissant. Je suis réveillée dès l’aube par cet éclat sans voile qui pénètre à travers les rideaux de mon lit et force mes paupières à s’ouvrir.

La veille, j’avais entendu retentir jusqu’à minuit des chants bruyants de matelots dans la ruelle de briques rouges, et à peine à quatre heures du matin me voilà arrachée au sommeil par des atomes de feu qui poudroient en barres flamboyantes des fenêtres à mon lit ; je sens une atmosphère étouffante et pesante comme une émanation d’eau tiède dans une salle de bain. On dirait que la vapeur des canaux engourdis par la chaleur monte jusqu’à moi. Vainement je tente de secouer mon malaise et de m’endormir de nouveau : je suis prise à la gorge comme dans un étau ; une toux aiguë et sifflante sort de ma poitrine en quintes prolongées. Les deux filles de mon hôtesse italienne accourent pour me secourir ; je leur entends dire dans leur langue mélodieuse, qu’elles ignorent que je comprenne :