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PROMENADE EN HOLLANDE

Je devais partir le lendemain matin pour Harlem. À mon réveil, je fus frappé du silence absolu de la rue ; pas un crieur de fruits ou de légumes ne se faisait entendre. Un régiment passa ; sa musique ne jouait point et les baguettes des tambours restaient immobiles sur le parchemin tendu. Je demandai la cause de ce silence. « Une jeune femme vient d’accoucher dans la maison voisine, me répondit-on, et tous les passants respectent son repos. » Je trouvai cet usage touchant et digne d’un peuple chevaleresque et bon.

Comme je me rendais à pas lents au chemin de fer dans une vigilante chargée de mes malles, je vis dans une rue un homme entièrement vêtu de noir, en culotte courte et en rabat, et ayant un long crêpe à son chapeau ; il frappait à la porte de plusieurs maisons, s’y arrêtait quelques secondes et continuait sa route. Je voulus savoir quel office remplissait cet homme. J’appris qu’à chaque mort survenue il allait en porter la nouvelle aux parents et aux amis du défunt. Ce messager funèbre s’appelle Aanspeker.

C’est ainsi qu’en passant le voyageur saisit toujours quelques traits nouveaux de la physionomie d’un pays.