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PROMENADE EN HOLLANDE.

grec ; elle porte dans sa belle main un plat d’argent appuyé contre son manteau de pourpre qu’elle soulève. Dans ce plat est la tête de saint Jean, qu’un soldat vient de trancher et qu’il tient encore par ses cheveux noirs. Le corps du saint gît devant l’Hérodiade, les deux pieds appuyés contre sa robe de brocart. La chevelure de cette femme est blonde avec des ornements d’or et de perles ; des agrafes en émeraudes fixent le manteau de pourpre à ses épaules ; au creux du corsage, coupé en carré, brille, comme une goutte de sang, un gros rubis. Le soldat, à la mine bestiale et farouche, balance encore dans sa main le sabre sanglant. Une matrone qui escorte l’Hérodiade contemple cette scène avec curiosité. Dans le fond est la forteresse qui a servi de prison à saint Jean, et d’où il vient de sortir ; des prisonniers, hommes, se penchent et regardent étonnés à travers les barreaux ; une seule femme se montre à une fenêtre de côté.

Ce tableau laisse une forte impression comme une scène vivante.

Du musée, je me rends à la cathédrale d’Anvers, pour voir les deux Descentes de Croix de Rubens, qui sont ses deux tableaux les plus célèbres. De mornes familles anglaises sont assises en permanence devant ces toiles. C’est le père, à la carrure d’Hercule ; la mère, rousse et haute en couleur ; deux ou trois filles très-blondes, autant de garçons,