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PROMENADE EN HOLLANDE.

rible enfant. Mais quand il revint à la vie, le souvenir et le regret de la belle Cythérée rose se réveillèrent plus vivaces ; et, comme l’homme qui perd une femme qu’il aime et qui n’en meurt pas de douleur est entraîné par la nature à en chercher une autre, dont se repaisse sa passion, ainsi son ardent désir se ranima à l’idée qu’il serait possible de retrouver une nouvelle Cythérée rose des mers du Japon.

Les dernières paroles prononcées par Sulpicia lui revinrent alors comme un écho ! « Saurait-elle, en effet, se demanda-t-il, où se cache un pareil trésor ? Oh ! si c’était vrai, je lui pardonnerais ! » Disposé à l’indulgence par cette espérance, il la fit partager à sa femme ; et tous deux à l’instant même mandèrent en leur présence la folle jeune fille.

Elle n’avait rien changé à ses habitudes et à sa riante humeur ; peu touchée d’un désespoir dont elle ne comprenait pas la portée, elle avait continué à visiter ses amies et à les recevoir. Chaque jour elle avait revu Hermans et Raynold et les avait passionnés de plus en plus pour sa beauté et ses grâces coquettes. Ils lui répétaient sans cesse et tour à tour, dans des paroles presque identiques, leur amour de plus en plus vif et profond. Pour se faire aimer d’elle, pour l’obtenir un jour, ils étaient prêts à jouer leur vie, à subir toutes les épreuves, à affronter toutes les douleurs, même celle de l’absence, si elle