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PROMENADE EN HOLLANDE.

pérée les suit, et mille cris s’élèvent pour demander du pain. Van der Werf paraît, le regard fier, la contenance ferme : il répond qu’ils peuvent le lapider et prendre son corps pour se nourrir, heureux si sa mort prolonge la défense de la ville. Cette réponse héroïque change l’abattement en enthousiasme. Il suffit souvent de l’exemple et de la direction d’un seul homme pour élever les multitudes à la gloire ou pour les plier à la bassesse ; voilà pourquoi le caractère de ceux qui gouvernent est d’une telle importance pour les nations.

Aux paroles généreuses prononcées par Van der Werf, les mécontents se précipitent aux remparts ; ils crient aux Espagnols qu’ils mangeront leur main gauche, qu’ils ne garderont que la droite pour les combattre, et qu’ils brûleront la ville plutôt que de la leur livrer. Cet élan enfante des miracles de valeur ; les assaillants sont repoussés, et Leyde est débloqué quelques jours après.

C’est en récompense de cette résistance sublime que le stathouder Guillaume le Grand établit à Leyde une Université professèrent tour à tour Grotius, Descartes, Scaliger et d’autres hommes célèbres. Dans cette même salle où est le tableau reproduisant ce trait d’héroïsme de Van der Werf, on voit le portrait contemporain du grand homme et quelques autres portraits de bourgmestres. Dans une armoire, sont conservées des armes précieuses