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PROMENADE EN HOLLANDE.

d’une population élégante de baigneurs et de baigneuses.

Les femmes du peuple de Scheveningue portent un costume des plus étranges : le corsage de leur robe d’indienne remonte sous les aisselles comme celui des robes du premier Empire ; leurs jupes sont tendues sur le ventre, qui pousse en avant et finit par s’étendre et se dresser jusqu’à la taille raccourcie. Grâce à ce costume, dès l’âge de douze ans les petites filles ont un ventre prépondérant qui fait rebondir leur sein jusqu’au menton. On dirait que les femmes de Scheveningue mettent le même soin à développer leur ventre que les Chinoises à comprimer leurs pieds. Sur la poitrine ainsi façonnée se croise un fichu de mousseline ou de toile ; un bonnet de grosse dentelle ou bien des plaques d’argent couvrent la tête, qu’abrite encore un chapeau de paille aux ailes contournées, rappelant le chapeau des femmes auvergnates.

Les pêcheurs de Scheveningue ont un costume moins disgracieux que celui de leurs femmes : vêtus de drap brun, ils transportent leur poisson à la Haye dans des charrettes attelées de deux ou trois dogues ; au retour, le conducteur prend la place du poisson. La merveille de Scheveningue est une immense avenue bordée d’une triple allée d’arbres : quand on vient de la plage aride, cette fraîcheur et cette verdure reposent délicieusement les yeux. Je traverse