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PROMENADE EN HOLLANDE.

le tonnerre gronda et un formidable orage éclata tout à coup ; il inonda la campagne et ruissela sur la toiture des usines et des maisons, tandis que le convoi traversait Malines. À mesure que la pluie tombait, le ciel prenait cette teinte uniforme qui a l’apparence opaque d’une eau stagnante et sans reflet. L’orage formait d’immenses rideaux derrière lesquels la campagne disparaissait. Il plut de la sorte jusqu’à Anvers, dont les remparts et les portes m’apparurent à travers une éclaircie de jour. Je saluai ces remparts avec respect. Anvers pourrait être appelée l’héroïque, car elle a dans l’histoire des pages glorieuses, des jours belliqueux où ses bourgeois se changent en soldats téméraires qui savent vaincre ou mourir.

Anvers avec ses nombreuses églises, ses couvents, ses corporations, ses rues et ses places peu fréquentées (dans les quartiers éloignés du port), ses grandes maisons aux larges portes carrément assises et arrondies vers le haut ; Anvers a un air de vétusté qui m’a rappelé quelques vieilles villes françaises, Bourges, par exemple ; mais ce n’est point là un cachet d’originalité et de nationalité distinctives qui mérite qu’on s’y arrête. La pluie continue à tomber en nappe fine et pressée qui répand sur tous les objets un ton gris. Voulant profiter pour visiter la ville des dernières heures du jour, je monte dans une de ces voitures dont nos vieux fiacres parisiens