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PROMENADE EN HOLLANDE.

politesse exquise et brève des hommes du Nord, qui ne se répand pas en protestations, mais satisfait aussitôt le désir que vous leur exprimez. Après m’avoir remis quelques mots de laisser-passer pour le commandant du palais du Bois, M. de Weckherlin m’entretint de la France, puis il me montra les tableaux de son cabinet et entre autres un portrait de la reine, grandeur demi-nature, d’un fini merveilleux. Les boucles blondes et soyeuses descendent en grappes légères de chaque côté du visage d’une beauté expressive. Mais je vais bientôt retrouver au palais du Bois un portrait en pied de Sa Majesté, d’une ressemblance encore plus frappante. En prenant congé de M. de Weckherlin, je lui offre mes poëmes couronnés par l’Académie française.

Je remonte dans la calèche découverte qui m’a conduite à travers la Haye ; bientôt je pénètre dans le bois attenant à la ville, et au milieu duquel s’élève le palais de la reine.

La voiture fuyait sous les grands arbres sombres,
Dont les rameaux unis formaient de longs arceaux,
Et le jour projetait, au travers de ces ombres,
Des arabesques d’or sur l’herbe et sur les eaux.

Les nymphéas dressaient leurs coupes de topaze
Sur les flots sinueux enlacés aux sentiers ;
Et l’abeille effleurait, de son aile de gaze,
Le calice odorant des fleurs des églantiers.