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parlent jamais que d’eux et me renvoient quand ils sont là.

— Et moi pourquoi m’aimez-vous ? lui dit Albert.

— Parce que votre figure est si triste et si pâle que vous me rappelez mon père quand il allait mourir.

Et, en prononçant ces mots l’enfant s’assit sur les genoux d’Albert et l’embrassa.

— Puisque vous m’aimez un peu, demandez donc à votre maman qu’elle ne nous refuse pas à vous et à moi un grand plaisir.

— Et lequel ? reprit mon fils.

— Voyez cette belle carte, répliqua Albert, en tirant de sa poche un carré de carton rose, elle nous ouvrira toutes les serres et toutes les galeries de la ménagerie du Jardin des Plantes. J’ai une voiture en bas et si votre maman veut bien y monter avec nous, avant un quart d’heure nous serons arrivés,

— Oh ! ma petite mère, ne refuse pas, dit l’enfant en m’entourant de ses bras ; quel bonheur de voir tous ces animaux féroces qui font peur !

— Et, par ce beau soleil, tous les beaux oiseaux au plumage étincelant, ajouta Albert.

— Oh ! oh ! partons, partons vite, s’écria l’enfant en frappant des pieds.

— Ne le privez pas de cette grande joie, me dit Albert avec un bon sourire.

— Je le veux, je le veux ; dis oui, répétait l’enfant en me tirant par ma jupe.

— Il faut bien obéir, répliquai-je en riant, mais