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Cavaliers aux tailles cambrées,
Exhalant des senteurs ambrées.
Ils sont pour nous, ces vieux palais,
Ils sont pour nous : habitons-les !
 
Sur le banc des orangeries,
Dans l’étable des métairies
Où les reines buvaient du lait,
Dans le kiosque et le chalet,
Aux terrasses des galeries,
Allons asseoir nos causeries.
Ils sont pour nous, ces vieux palais,
Ils sont pour nous : habitons-les !
 
Sous le fronton de japse rose,
Où l’amour sourit et repose.
Cherchons le bain mystérieux,
Le bain antique aimé des dieux :
Diane et ses nymphes surprises
Courent sur le marbre des frises.
Ils sont pour nous, ces vieux palais,
Ils sont pour nous : habitons-les !
 
Lisons dans les forêts discrètes
Les gais conteurs et les poëtes :
Le murmure des rameaux verts
S’harmonie à celui des vers,
Et les amoureuses paroles
S’épanchent en notes plus molles.
Ils sont pour nous, ces vieux palais.
Ils sont pour nous : habitons-les !
 
Dans les ravins aux pentes douces,
Sur les pervenches, sur les mousses,
Doux lit où se voile le jour,
À la lèvre monte l’amour ;