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d’abbesse ; un chapelet en perles noires de Venise serrait ce vêtement large autour de sa taille fine ; une grande croix en bois de rose à christ d’or et une tête de mort en émail noir et diamants se jouaient sur sa hanche gauche. Son voile en crêpe blanc était fixé en plis carrés et réguliers sur sa tête par une couronne de roses blanches. L’éclat de ses yeux semblait plus vif sous le bandeau monacal, et sa mine évaporée formait un provoquant contraste avec cet habit pudique.

L’amant de Stella qui se trouvait dans le groupe dont je faisais partie, ainsi que le consul, nous dit à voix basse à tous deux :

— Zéphira porte un autre déguisement sous sa robe de religieuse qu’elle n’a choisie, j’en suis sûr, que pour déterminer Luigi à mettre une robe de moine. Elle médite de lui jouer quelque vilain tour.

— J’y veillerai, répliqua le consul, et je vous promets bien que si le comte Luigi est puni pour son travestissement, Zéphira le suivra en prison.

Je ne sais si la dame s’aperçut que nous parlions d’elle, mais elle accourut vers nous riante et folâtre, et enlaçant son bras au mien, elle me dit :

— Parcourons la fête.

Je me laissai conduire dans le premier salon où les danses commençaient à se former aux sons des orchestres invisibles répandus dans tout le palais. Bientôt elle voulut m’entraîner dans une petite galerie déserte éclairée de lueurs douteuses.