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trais dans la basilique, la figure d’un autre empereur du moyen âge se dressait devant moi ; les marbres, les mosaïques, l’or et les pierreries des autels resplendissaient à la lueur des cierges ; le pape Alexandre, recouvert comme un Dieu d’un dais éblouissant, assis sur le seuil de l’église, entouré de ses cardinaux, des patriarches d’Aquilée, des archevêques et des évêques de Lombardie, tous revêtus de la pourpre et des robes pontificales, attendaient Frédéric Barberousse, que six galères vénitiennes avaient amené de Chioggia au Lido. Le doge, entouré d’un splendide cortège, escorta l’empereur, ils débarquèrent ensemble au quai de la Piazzetta et se rendirent devant Saint-Marc. Là, dit la chronique latine : « Barberousse, humiliant sa grandeur, dépouilla son manteau impérial et se prosterna aux pieds du pape, celui-ci, ému, releva l’empereur, l’embrassa, le bénit, et aussitôt toute l’assistance entonna le psaume : Nous te saluons, ô Seigneur ! Alors, Frédéric Barberousse prit le pape Alexandre par la main et le conduisit dans l’église. »

Cependant, tandis que le pape disait la messe, l’empereur ôta une seconde fois son manteau impérial, et tenant une baguette, il officia comme porte-verge à la tête des laïques du chœur. Après l’évangile, le pape prêcha et l’empereur s’assit au pied de la chaire ; on chanta ensuite le Credo. Barberousse fit son oblation, puis baisa la mule d’Alexandre : quand la messe fut terminée, l’empereur conduisit de nouveau le pape par la main jusqu’à son cheval blanc, il lui tint