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occupée par un imagier, qui vendait aussi des chapelets et quelques livres d’église, puis une petite hutte où nichait un aveugle et son chien. Le petit vagabond se choisit une place dans les entre-colonnements d’une poterne presque toujours fermée ; il plaça sur un banc très-bas, à l’abri de cet enfoncement, une grosse botte de paille qu’il acheta pour quelques sous, il s’établit dans cette espèce de gîte et soupa gaiement des restes des provisions que les bonnes sœurs lui avaient données. La nuit fut rude, mais il échappa à la rigueur du froid en se blottissant tout entier dans la paille brisée ; à son réveil, il se mit à courir de long en large pour se réchauffer, et bientôt aperçu par le savetier et l’imagier, il fut chargé par eux de quelques petites commissions en retour desquelles ils lui offrirent la soupe ; et il se sentit tout réconforté par un repas chaud.

En ce temps-là les écoliers étaient externes, et le matin, en se rendant aux classes, ils virent le petit commissionnaire dont la bonne mine les charma. Il était assis jambes pendantes sur la paille fraîche et lisait dans son livre d’évangiles.

Plusieurs écoliers parmi les grands l’interrogèrent, et ayant appris qu’il était commissionnaire l’employèrent aussitôt ; il gagna donc dès le premier jour quelques menues monnaies. Il s’arrangea avec l’imagier pour prendre chez lui sa nourriture et pour s’y chauffer ; et, comble de bonheur, il obtint que l’imagier lui prêterait quelques livres en lecture. Dès le premier jour il avait écrit à sa mère, et bientôt il reçut avis qu’un gros pain lui arrivait par les bateliers de Melun ; il se rendit au bord de la Seine à l’endroit où les bateliers amarraient leurs