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de notre structure autant de merveilles que dans celle du corps humain ; car, sur une échelle différente, nous avons comme l’homme des organes qui souffrent ou se réjouissent ; nous avons des répulsions et des sympathies ; nous avons nos aptitudes, nos mœurs, nos destinées impérieuses fixées par une règle infaillible. Regarde-nous et pénètre-nous, enfant qui nous aime ; tu sauras comment nous naissons, comment nous nous développons et arrivons à la beauté et à l’amour. » Ce n’étaient pas seulement les larges et magnifiques fleurs des tropiques, les cactus, les nénuphars, les magnolias ; ce n’étaient pas seulement les fleurs reines de nos jardins : la rose, la tubéreuse, le lis, l’œillet, qui parlaient ainsi à l’enfant endormi, c’étaient encore toutes les fleurettes des champs, les pâquerettes, les boutons d’or, les violettes, le thym, toutes les mousses et tous les lichens poussant sur les rochers ou au bord de l’eau ; chaque plante, chaque tige, chaque calice avait comme une voix distincte, et tous ces accents réunis formaient un concert doux et flatteur qui plongeait le petit Charles dans un ravissement heureux.

» Oh ! oui, répondait-il à ces paroles mystérieuses que lui seul pouvait entendre, je vous aime, je vous comprends, et je révélerai au monde la grâce et la magnificence de vos secrets ; » et il se pencha vers les fleurs les plus prochaines pour les cueillir ; mais voilà qu’il s’opéra alors autour de lui un prodige ; toutes les fleurs semblèrent se mouvoir et s’arracher à leur racine ; elles vinrent vers l’enfant, firent à son corps comme une enceinte odorante, montèrent sur son cœur et dans ses bras, puis jusqu’à sa tête où elles s’enlacèrent en une immense couronne. Le