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de Plutarque, et quand sa lecture était finie, son bonheur était d’aller rêver en plein air et en pleine mer ; il ne lui fallait rien moins que ces heures de solitude, pour lui faire prendre en patience le dégoût des heures de travail à la fabrique ; l’odeur qui s’exhalait des chaudières l’écœurait, et lorsqu’il était obligé de toucher avec ses belles petites mains blanches aux chandelles encore fumantes, il éprouvait une répulsion extrême. Mais il se soumettait au labeur qui était celui de son père, à qui il eût craint de manquer de respect en lui montrant son dégoût ; seulement, aussitôt son triste travail terminé, il aspirait au vent et aux flots de la mer ; il voulait effacer de ses cheveux, de sa chair et de ses vêtements, cette senteur de graisse rance qui le poursuivait comme le stigmate de son travail répugnant. Mais à peine s’était-il baigné et avait-il embrassé la nature, qu’il se sentait redevenir un enfant élu de Dieu, doué de qualités exceptionnelles qui se développeraient, et qui le feraient grand malgré tous les obstacles de sa position sociale. La lecture des