Les deux grands hommes en se quittant s’embrassèrent les yeux mouillés de larmes.
Mais Franklin, se sentant affaibli par les infirmités de l’âge, quitta la France pour aller revoir sa chère Amérique ; quand il arriva à Philadelphie, tous les habitants de la ville et tous ceux des environs à une grande distance accoururent sur son passage et le saluèrent comme le libérateur de la patrie ; il fut deux fois élu président de l’Assemblée, mais en 1788 il fut contraint par la souffrance et l’âge de se retirer entièrement des affaires. Il trouva encore assez de force pour travailler à fonder plusieurs institutions utiles ; il écrivit contre la traite des esclaves ; rédigea ses Mémoires où sa vie honnête et glorieuse se déroule comme un beau fleuve qui s’avance tranquillement vers la mort. La mort, Franklin l’attendit et la reçut avec résignation au milieu des utiles travaux qui remplirent ses dernières années ; il fut attaqué de la fièvre et d’un abcès dans la poitrine qui terminèrent sa vie le 17 avril 1790, à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Son testament, qui renfermait plusieurs fondations d’utilité publique, se terminait par cette phrase : » Je lègue à mon ami, l’ami du genre humain, le général Washington, le bâton de pommier sauvage avec lequel j’ai l’habitude de me promener ; si ce bâton était un sceptre, il lui conviendrait de même. » Quel éloge éloquent dans ce peu de mots et quels deux grands hommes admirables que Washington et Franklin ! ils resteront éternellement comme les modèles du désintéressement, de l’honneur et du patriotisme !
Plusieurs années avant sa mort, Franklin avait composé lui-même son épitaphe, la voici :
ICI REPOSE
LIVRÉ AUX VERS
LE CORPS DE BENJAMIN FRANKLIN, IMPRIMEUR ;
COMME LA COUVERTURE D’UN VIEUX LIVRE,