Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/513

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les chasseurs ne valaient pas moins que les mamelucks. Cependant ils avaient affaire à trop forte partie. La garde impériale russe était composée d’hommes gigantesques et qui se battaient en déterminés. Notre cavalerie finit par être ramenée. Alors l’Empereur lâcha les chevaux noirs, c’est-à-dire les grenadiers à cheval, commandés par le général Bessières. Ils passèrent à côté de nous comme l’éclair et fondirent sur l’ennemi. Pendant un quart d’heure, ce fut une mêlée incroyable, et ce quart d’heure nous parut un siècle. Nous ne pouvions rien distinguer dans la fumée et la poussière. Nous avions peur de voir nos camarades sabrés à leur tour. Aussi, nous avancions lentement derrière eux, et s’ils eussent été battus, c’était notre tour.

Récit de la bataille d’Austerlitz. (Voir page 175, ligne 19.) — Au milieu de ces circonstances solennelles, nous trouvâmes moyen de rire comme des enfants. Un lièvre, qui se sauvait tout affolé de peur, arriva droit à nous. Mon capitaine Renard l’apercevant, s’élance pour le sabrer au passage, mais le lièvre fait un crochet. Mon capitaine persiste à le poursuivre, et le pauvre animal n’a que le temps de se réfugier, comme un lapin, dans un trou. Nous qui assistions à cette chasse, nous criions tous à qui mieux mieux : « Le renard n’attrapera pas le