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me fit la remise de 100 francs ; il se rappelait les beaux pistolets dont je lui avais fais cadeau, mais il fallait de temps en temps lui prêter mon cheval lorsqu’il avait des biens à visiter. Cela ne pouvait se refuser ; mais d’autres se présentèrent pour me l’emprunter aussi ; je leur disais : « Il est retenu par M. Marais. » Je rendais compte de toutes ces invitations à M. Marais qui connaissait tout le monde : « Il ne faut pas le prêter, vous ne pourrez en jouir, et moi je compte sur votre obligeance. — Il est à votre service, mais ces messieurs que je ne connais pas me tourmentent. — Il faut refuser. — Il est venu ce matin un grand monsieur habillé en noir, maigre et pâle, qui a la vue basse ; il a l’air d’un juge. Il m’a prié de lui prêter mon cheval pour aller voir ses bois. — Vous a-t-il dit son nom ? — Oui, il se nomme Chopin. — Ne vous avisez pas de lui prêter votre cheval, il lui ferait manger des javelles. — Et comment faire ? — Il faut lui dire que je l’ai pour un mois. — Ça suffit, s’il me tourmente, je vous l’enverrai. — Je m’en charge », me dit-il.

Mon père se fâcha contre nous ; il nous fit assigner pour lui payer une pension viagère ; je partis pour Druyes afin de tâcher de concilier cette affaire par-devant le maire, M. Tremot. « Allons, mon père, il faut nous arranger. — Je le veux bien pour toi, mais je veux 14 bichets de froment par an et 200 francs. — Mais