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d’Austerlitz et de Wagram ; l’Empereur s’en aperçut. Il est impossible de voir plus de peuple ; on ne put faire manœuvrer, à peine put-il passer la revue. Nous fûmes forcés de protéger le cortège de l’Empereur au milieu de ces masses. Le Champ de mai eut lieu le 1er juin ; de retour de cette grande cérémonie, je fis mes préparatifs de départ pour l’armée. Je quittai Paris le 4 juin pour me rendre à Soissons, et de là à Avesnes, où je devais attendre de nouveaux ordres. L’Empereur arriva le 13, et n’y resta que peu de temps ; il fut coucher à Laon. Le 14 juin, il ordonna des marches forcées. Le maréchal Ney arriva ; l’Empereur lui dit devant tout le monde : « Monsieur le Maréchal, votre protégé Bourmont a passé à l’ennemi avec ses officiers. » Le prince de la Moskowa en fut ému. Il lui donna le commandement d’un corps d’armée de 40,000 hommes pour se porter contre les Anglais : « Vous pouvez pousser les Anglais sur Bruxelles », lui dit-il.

Lorsque nous fûmes entrés dans ce pays fertile de la Belgique, au milieu de seigles très hauts, les colonnes avaient de la peine à se frayer des routes ; les premiers rangs ne pouvaient avancer. Quand on les avait foulés aux pieds, ce n’était que paille, où la cavalerie se perdait. Ce fut un de nos malheurs. Pour mettre le pied dans la plaine de Fleurus, l’Empereur se porta en avant, suivant la grande route