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part que l’Empereur m’avait nommé à Auxerre vaguemestre général du grand quartier général. « Que je suis content, mon brave, de vous avoir près de moi ! J’irai prendre votre brevet, cela me regarde. » Je vais aux Tuileries et me fais annoncer : « Je désire parler au général Bertrand. — Je vais l’appeler », me dit le général Drouot. Le général arrive : « Déjà, mon brave ! vous avez donc pris la poste ? — Je suis venu le plus promptement possible ; je vous demande permission de six jours, mon général. — Accordé ! partez ! »

Je pars de Paris le soir même pour Auxerre et j’arrive le samedi matin. À cette époque le public se promenait à l’Arquebuse le dimanche. Sur les quatre heures, étant en grand uniforme, je partis pour me faire voir comme si je n’avais pas quitté Auxerre. Le lundi, je fus chez mon avoué qui me dit : « Votre affaire est suspendue comme bien d’autres. — Mais il faut que je parte, je n’ai que six jours pour me rendre à Paris. — Eh bien, elle restera en suspens. » Je partis pour prendre mon poste, j’arrivai chez mon frère ; je fus le lendemain chez mon général : « Vous voilà, mon brave ? Voilà votre brevet ; vous avez droit au logement avec votre domestique et vos chevaux ; vous irez trouver le maire de l’arrondissement de votre frère pour être près des Tuileries. Il faut vous monter, il vous faut au moins deux chevaux, et puis vous