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heures du soir. Plus de voitures ! nous étions sur le pays ennemi. Il fallut nous dégourdir les jambes et marcher toute la nuit ; nous arrivâmes à un bourg, le matin sur les 9 heures ; on ne nous donna que trois quarts d’heure pour manger et partir de suite. Il fallut faire vingt et une lieues le premier jour avec notre pesant fardeau sur le dos ; rien qu’une halte d’une demi-heure ! Le lendemain, point de repos que le temps de manger et de repartir. Nous avions encore vingt lieues au moins à faire pour arriver à Schœnbrunn ; après avoir fait quinze à seize lieues, en avant d’un grand village, on nous fit mettre en bataille, et là on demanda vingt-cinq hommes de bonne volonté pour aller rejoindre l’Empereur aux portes de Vienne et monter la garde au château de Schœnbrunn. Je le connaissais et j’y avais fait faction bien des fois. Je sortis du rang le premier. « Je pars, dis-je à mon capitaine. — C’est bien, dit le général Dorsenne, le plus petit montre l’exemple. »

On fut au complet de suite, et en route ! On nous promit une bouteille de vin à trois lieues de Vienne. Nous y arrivâmes sur les 9 heures du soir, bien fatigués et bien altérés, comptant sur la bouteille promise. Mais point de vin ! il fallut passer tout droit sans s’arrêter. Je me détournai de la route pour trouver de l’eau pour étancher la soif qui me dévorait. Je longe une rue, et je rencontre un paysan qui venait de mon côté…