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« Allez vite, dirent-ils, au secours de nos camarades. Les Russes sont les plus forts dans ce moment. » L’Empereur trouvant les Russes près d’une rivière, voulut leur couper les ponts ; il donna cette tâche périlleuse à l’intrépide Ney qui partit au galop. Toutes les troupes arrivèrent ; l’Empereur donna une heure de repos, visita ses lignes, revient au galop vers sa garde, change de cheval et donne le signal de pousser les Russes sur tous les points. Les Russes se battirent comme des lions ; ils ne voulurent pas se rendre et préférèrent se noyer. Après cette mémorable journée, qui finit fort tard à la lueur de l’incendie de Friedland et des villages voisins, Je combat cessa, et ils profitèrent de la nuit pour battre en retraite sur Tilsitt. Notre Empereur coucha sur le champ de bataille comme de coutume pour faire ramasser ses blessés ; il fit poursuivre les Russes le lendemain sur le Niémen.

Nos soldats ne purent que joindre l’arrière-garde, les traînards ; ils firent prisonniers des sauvages que l’on nomme Kalmucks, avec de gros nez, des figures plates, des oreilles larges, et des carquois pleins de flèches. Ils étaient 1,800 hommes de cavalerie, mais nos gilets de fer tombèrent dessus et les chassèrent comme des moutons ; ils étaient commandés par des officiers et sous-officiers russes. Nous eûmes la permission d’aller les voir dans leur camp ; on leur faisait la distribution de viande, et de suite