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LES CAHIERS

Je fus contraint de prendre les vingt francs pour un œuf.

Les grenadiers à cheval occupaient le village de Pultusk ; ils découvrirent un énorme cochon et le poursuivirent dans notre camp. Comme il passait devant notre bivouac, je me lance après cette bonne proie, le sabre à la main. Le colonel Frédéric qui parlait gras, me criait : « Coupe-lui le jarret. » Je me lance, le joins et lui coupe les deux jarrets, puis, je lui passe mon sabre au travers du cou. Le colonel arrive avec les grenadiers, et il fut décidé que, l’ayant arrêté, il m’en appartenait un quartier et les deux rognons. Je fus chercher de suite du sel chez l’Empereur, je trouvai mon lieutenant de service, je lui demandai du sel et un pot de la part du colonel, ajoutant que j’avais arrêté un gros cochon que les grenadiers à cheval poursuivaient. « C’est, me dit-il, le cochon de la maison. L’Empereur est furieux, on a enlevé son pot-au-feu. Heureusement, ses cantines viennent d’arriver et il a fini par en rire, mais il avait le ventre serré comme les autres. — Mon lieutenant, je vous apporterai une grillade dans une heure. — C’est bien, mon brave, allez vite la faire cuire ! »

Arrivé, je trouve le colonel qui m’attendait : « Voilà du sel et une grande marmite. — Nous sommes sauvés, dit-il. — Mais, colonel, c’est le cochon de la maison de l’Empereur, et on lui a