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LES CAHIERS

Le petit jour ne paraissait pas encore que les Prussiens nous souhaitèrent le bonjour (le quatorze octobre) par des coups de canon qui passèrent par-dessus nos têtes, et un vieux soldat d’Égypte dit ; « Les Prussiens sont enrhumés ; les voilà qui toussent. Il faut leur porter du vin sucré. »

Toute l’armée se porta en avant sans y voir d’un pas, il fallait tâter comme des aveugles, nous heurtant les uns contre les autres. Au bruit du mouvement qui s’entendait devant nous, on reconnut qu’il fallait faire halte et commencer l’attaque. Notre brave maréchal Lannes se fit entendre à notre gauche ; ce fut le signal pour toute la ligne, on ne se voyait qu’à la lumière de la fusillade. L’Empereur nous fit avancer rapidement contre leur centre. Il fut obligé de nous dire de nous modérer et de nous arrêter (leur ligne était percée comme celle des Russes à Austerlitz). Le maudit brouillard nous gênait, mais nos colonnes avançaient toujours et nous avions du terrain pour nous reconnaître. Sur les dix heures, le soleil vient nous éclairer sur un beau plateau. Là, nous pûmes nous voir en face.

Nous aperçûmes, à notre droite un beau carrosse et des chevaux blancs, on nous dit que c’était la reine de Prusse qui se sauvait. Napoléon nous fit arrêter pendant une heure, et nous entendîmes sur notre gauche une fusillade épouvantable. L’Empereur envoie de suite un officier