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DU CAPITAINE COIGNET.

le lendemain à quatre heures du matin, il sort de la ville des parlementaires ; ils demandaient une suspension d’armes, et ils allaient au quartier général du premier Consul ; ils furent bien escortés.

La joie renaissait par tout le camp. Je dis à mon capitaine : « Si vous vouliez me permettre d’aller au quartier général. — Pourquoi faire ? — J’ai des connaissances dans la garde. Donnez-moi un camarade. — Mais c’est bien loin. — C’est égal, nous serons de retour de bonne heure, je vous le promets. — Eh bien, allez ! »

Nous voilà partis, le sabre au côté. Arrivé à la grille du château de Marengo, je fais demander un maréchal des logis qui soit ancien dans le corps, et voilà un bel homme qui se présente : « Que me voulez-vous ? dit-il. — Je désire savoir depuis combien de temps vous êtes dans la garde du Directoire. — Il y a neuf ans. — C’est moi qui ai dressé vos chevaux et qui les ai montés au Luxembourg. Si vous vous rappelez, c’est M. Potier qui vous les a vendus. — C’est vrai, me dit-il, entrez je vais vous présenter à mon capitaine. »

Il dit à mon camarade de m’attendre, et m’annonce ainsi : « Voilà le jeune homme qui a dressé nos chevaux à Paris. — Et qui montait si bien à cheval, dit celui-ci. — Oui, capitaine. — Mais vous êtes blessé. — Ah ! c’est un coup de baïonnette d’un Hongrois ; je l’ai puni. Mais