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DU CAPITAINE COIGNET.

cavaliers que je pourrai joindre, ils m’ont trop fait de mal ; ils me le payeront. »

Nous battions en retraite en bon ordre, mais les bataillons se dégarnissaient à vue d’œil, tous prêts à lâcher pied, si ce n’avait été la bonne contenance des chefs. Nous arrivâmes à midi sans être ébranlés. Regardant derrière nous, nous vîmes le Consul assis sur la levée du fossé de la grande route d’Alexandrie, tenant son cheval par la bride, faisant voltiger des petites pierres avec sa cravache. Les boulets qui roulaient sur la route, il ne les voyait pas. Quand nous fûmes près de lui, il monte sur son cheval et part au galop derrière nos rangs : « Du courage, soldats, dit-il, les réserves arrivent. Tenez ferme. »

Et il fut sur la droite de l’armée. Les soldats de crier : « Vive Bonaparte ! » Mais la plaine était jonchée de morts et de blessés, car on n’avait pas le temps de les ramasser ; il fallait faire face partout. Les feux de bataillon par échelons en arrière les arrêtaient, mais ces maudites cartouches ne voulaient plus descendre dans nos canons de fusil ; il fallait encore pisser dedans pour pouvoir les décrasser. Ça nous faisait perdre du temps.

Mon brave capitaine Merle passe derrière le deuxième bataillon, et le capitaine lui dit : « J’ai un de vos grenadiers, il a reçu un fameux coup de sabre. — Où est-il ? faites-le sortir que