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DU CAPITAINE COIGNET.

taient ne revenaient pas dans leurs rangs ; ça nous affaiblit beaucoup. Il fallut céder du terrain, et personne pour nous soutenir ! Leurs colonnes se renouvelaient, personne ne venait à notre secours. À force de brûler des cartouches, il n’était plus possible de les faire descendre dans le canon de notre fusil. Il fallut pisser dans nos canons pour les décrasser, puis les sécher en y brûlant de la poudre sans la bourrer.

Nous recommençâmes à tirer et à battre en retraite, mais en ordre. Les cartouches allaient nous manquer, et nous avions déjà perdu une ambulance, lorsque la garde consulaire arriva avec huit cents hommes chargés de cartouches dans leurs sarraux de toile ; ils passèrent derrière les rangs et nous donnèrent des cartouches. Cela nous sauva la vie.

Alors le feu redoubla et le Consul parut. Nous fûmes une fois plus forts : il fit mettre sa garde en ligne au centre de l’armée et les fit marcher en avant. Ils arrêtèrent l’ennemi de suite, formant le carré et marchant en bataille. Les beaux grenadiers à cheval arrivèrent au galop, et chargèrent de suite l’ennemi, ils culbutèrent leur cavalerie. Ah ! ça nous fit respirer un moment, ça nous donna de la confiance pour une heure.

Mais ne pouvant pas tenir contre les grenadiers à cheval consulaires, ils rabattent sur notre demi-brigade et enfoncent les premiers pelotons