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DU CAPITAINE COIGNET.

pied à terre, et le plus grand silence régnait dans les rangs. Nous sortîmes, et l’on nous mit dans des terres labourées : il fut encore défendu de faire du bruit et de faire du feu : il fallut se coucher entre des grosses mottes de terre, la tête sur le sac, et attendre le jour.

Le matin, en nous fit lever, et rien dans le ventre ! On part pour descendre dans des villages tout ravagés, on traverse des fossés, des marécages, un gros ruisseau et des villages remplis de bosquets. Pas de vivres, toutes les maisons étaient désertes ; nos chefs étaient accablés de fatigue et de faim. Nous partîmes de ces bas-fonds pour remonter à gauche, dans un village entouré de vergers et d’enclos ; nous y trouvâmes de la farine, un peu de pain, quelques bestiaux. Il était temps : nous serions morts de faim.

Le 12, nos deux demi-brigades vinrent appuyer notre droite, et voilà notre division réunie ; on nous dit que ce village se nommait le village de Marengo. Le matin, on fit battre la breloque. Quelle joie ! Il venait d’arriver 17 fourgons de pain. Quel bonheur pour des affamés ! tout le monde voulait aller à la corvée. Mais quel fut notre désappointement ! il se trouvait tout moisi et tout bleu… Enfin, il fallut s’en contenter.

Le 13, au point du jour, on fit marcher en avant dans une grande plaine, et à deux heures on nous mit en bataille. On forma les faisceaux ; il arrive des aides de camp qui venaient de notre