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par le général pour passer les chevaux en revue ; on lui remet sa nomination d’inspecteur de la remonte. Le lendemain, les chevaux étaient amenés dans le Champ de Mars, au nombre de cinquante chevaux. J’avais acheté une culotte de peau de daim et une ceinture large pour me soutenir les reins ; cela me coûtait trente francs.

Mon maître se promenait avec le général qui me fit appeler : « C’est vous, me dit-il, qui êtes désigné pour monter ces chevaux, nous allons voir cela. Je suis difficile. — Soyez tranquille, général, lui dit M. Potier, il connaît son affaire. — Eh bien, à cheval ! les chevaux de chasseurs les premiers ! — Laissez-le faire, vous serez content de lui : il est timide. — Eh bien ! laissons-le, commençons par la droite, et ainsi de suite. »

Je monte le premier ; personne n’eut le temps de me voir monter. Ce cheval veut faire quelques écarts ; je lui allonge deux coups de cravache sous le poitrail, et lui fais faire une pirouette sous lui, et le rends docile. Je le mène au trot, je reviens au galop ; je recommence au pas, c’est la marche essentielle pour la cavalerie… Je mets pied à terre, je dis à l’officier : « Marquez ce cheval numéro 1 ; il est bon. » Je dis au vétérinaire : « Voyez la bouche de tous les chevaux, et surtout les dents, je les visiterai après. »