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COSMOGONIES

service archéologique de l’Inde, des cohortes de travailleurs ont commencé d’ouvrir la tranchée devant les vestiges des villes préhistoriques de l’Inde. Les fouilles pratiquées à Mohenjo-Daro, sur l’Indus, près d’Hyderabad (le Sind) et à Harappa (le Punjab) au sud de Lahore, ont donné d’importants résultats.

Sur les mouvements préhistoriques des tribus conquérantes ou conquises, aryennes ou dravidiennes (Tamouls), qui se sont heurtées dans la péninsule indienne, les traditions orales, dans un pullulement de langues et de dialectes, se sont multipliées jusqu’à un état de confusion achevée, où l’invasion mongole, depuis Mahmoud et Baber, a mis provisoirement un ordre apparent pour des successions historiques qui fournissent des lignes de jalonnements. En cette matière, la littérature historique est d’autant plus fertile en précisions apparentes que les mouvements humains de l’histoire contemporaine sont moins positivement reconnus.

Les fouilles de Sir John Marshall achèvent de renverser nos méthodes de narrations hasardeuses, pour reprendre le problème à pied d’œuvre par l’interrogation directe des territoires, des pierres, de tous vestiges d’ humanité. Dans un pays où les fleuves débordaient à tous moments et changeaient de lits selon les caprices des neiges de l’Himalaya, c’est souvent dans l’ancien lit des innombrables rivières que se trouvent des vestiges d’ habitations.

Dans le numéro du Times du 2 février 1926, sir John Marshall — en bon savant qui ne craint pas d’associer le public à ses travaux — a publié un très intéressant exposé de ses découvertes rendues plus suggestives par des représentations figurées. Qu’il y eût des villes préhistoriques dans l’Inde, c’est ce dont, a priori, il n’était pas permis de douter. D’aller les reconnaître, pioche en main, c’était une autre affaire. Guidé par les premiers travaux de savants indigènes, sir John Marshall aura eu le mérite d’avoir abordé résolument le problème et de nous avoir livré les premiers secrets de la préhistoire de l’Inde. Il a, d’ailleurs, le soin de nous annoncer que 3 000 ou 4 000 milles de ces territoires d’habitation se trouvent dans les anciens lits des rivières. Nous avons du champ devant nous.

À l’heure où l’éminent archéologue écrivait, il dirigeait les travaux de huit cents ouvriers dans les chantiers de Mohenjo-