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AU SOIR DE LA PENSÉE

de la connaissance par la rencontre d’un synchronisme entre les vibrations du dehors et celles d’une surface de sensibilité nerveuse. Cette correspondance me paraît de tous points comparable au phénomène classique de la résonnance par lequel deux corps élastiques, susceptibles de sonner le même nombre de vibrations par seconde, manifestent, l’un et l’autre, la faculté de vibrer automatiquement à l’unisson.

Le Dantec a remarquablement mis en relief les phénomènes de résonnance. Si l’univers est bien, comme il paraît, un système de transformations continues des ondes vibratoires universelles, les colloïdes de nos organismes, en des formes diverses (chaleur, son, électricité, lumière, magnétisme) joueraient le rôle de résonnateurs — le cerveau étant considéré comme « un résonnateur à cases multiples ». Ce qu’on appelle l’assimilation n’est qu’un phénomène de résonnance qu’on rencontre aussi bien chez les êtres vivants que dans tous les éléments de la nature. Nous n’y pouvons voir qu’une transposition de l’équilibre chimique, physique, électrique ou colloïdal. De la chimie minérale à la chimie organique nous ne trouvons que des différences d’équilibres moléculaires en phases évolutives par le jeu d’oscillations rythmiques sans commencement ni fin. Il n’y a de « principe vital » que dans les élucubrations de la métaphysique.

Si vous faites vibrer le diapason A, les ondes sonores se propagent concentriquement et atteignent le diapason B, car chaque onde nouvelle, trouvant les branches de celui-ci dans une position favorable, tend à augmenter l’amplitude de son déplacement vibratoire, comme en poussant une balançoire ou une cloche à l’extrémité de sa course on augmente l’amplitude de son oscillation[1]. Ainsi le diapason B devra vibrer à l’unisson du dia-

  1. Quand un pendule (escarpolette, cloche, etc.) est écarté de l’équilibre et abandonné à lui-même, il oscille avec un rythme qui est le même, quel que soit l’écart. Par exemple, il « bat la seconde » aussi bien pour de faibles oscillations que pour de fortes. Cette même loi se retrouve en un grand nombre de systèmes de genres très différents : par exemple pour l’oscillation de l’électricité dans un conducteur donné.

    Soit donc un objet capable d’un rythme fixé — disons une cloche — ayant, par exemple, le rythme d’une seconde. Le sonneur donne une impulsion : la cloche s’ébranle — très peu — mais déjà oscille, presque inappréciablement, avec le rythme d’une seconde. Si le sonneur donne au hasard une deuxième