Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, III.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.
72
l’offensive.

Voyons quels avantages l’envahisseur peut retirer de chacun de ces objets.


a) Il soulage tout d’abord son propre pays de tous les moyens de subsistance et de toutes les contributions qu’il tire de la portion du territoire ennemi dont il peut s’emparer. Cette conquête aura d’ailleurs aussi sa valeur quand s’ouvriront les négociations pour la conclusion de la paix. Enfin il arrive souvent, et cela s’est produit sans cesse dans les guerres du règne de Louis XIV, que les généraux font entrer ici l’honneur des armes en ligne de compte. La question, cependant, se présente dans des conditions toutes différentes selon que la portion de territoire ainsi conquise peut ou non être conservée. En général elle ne le peut être que lorsque, confinant au théâtre de guerre même de l’attaque, elle en forme pour ainsi dire le complément, car alors elle peut servir d’équivalent lors des négociations de paix. Quand il n’en est pas ainsi, on ne s’y maintient d’habitude que pendant la campagne même pour l’abandonner au début de l’hiver.

b) Pour constituer à lui seul l’objet de l’offensive de toute la campagne, il faut que le magasin à enlever soit considérable. Non seulement l’attaquant tirera alors directement parti de tout ce dont il privera ainsi l’ennemi, mais, en outre, celui-ci sera obligé de reculer et par suite d’évacuer une portion de territoire sur laquelle il se serait maintenu sans cela. On voit, en somme, que la prise du magasin constitue plutôt ici le moyen à employer que le but même à atteindre.

c) Nous traiterons spécialement de l’attaque des places fortes dans le chapitre suivant, et l’on verra alors l’importance capitale que ces instruments de défense ne manquent jamais de prendre dans toutes les guerres